Mat' Betterly

Un jour elle a voulu toucher la lune, de cette écrin soyeux je n’ai plus que lui offrir ses compagnes. Un simple éclat d’étoile ne lui a pas suffit, mon cœur offert à sa demande n’a pas su la combler, mes sourires n’ont pas su la ravir elle est partit. »

IL y a des blessures qui ne peuvent guérir. Quoi qu’il arrive elles demeurent en vous, profondes et douloureuses guettant un moindre signe de faiblesse pour vous emmener dans votre dernier séant.

C’est ainsi que j’ai failli succomber. Le souvenir de ma mort est pâle cependant, comme une forme sombre je ne vois que mon ombre se dessinait sous la pâleur d’une nuit tombante. Mes yeux d’un bleu désespoir fixaient alors la lune avant que je ne prenne mon envol. Ecartant les bras je fendis l’air et dans un cri d’ultime souffrance la morsure glacial de l’eau broyant mes os m’accueillit en son sein.

« Tentative de suicide.... Psychologue serait utile... S’en tirer... Oui... Ne pleurez pas. »
Des mots, tourbillonnant, assourdissants où suis-je ? Ici, là-bas, partout et nul part mais, certainement pas dans la mort. La mort n’est pas douloureuse, de tout temps je m’en étais fait une idée de douceur pour ne pas avoir peur, pour pouvoir me montrer courageux face à mon entreprise. Une tentative de suicide comme disait les médecins. Oui, j’ai sauté d’une falaise, j’ai touché la liberté, sentit pour la première fois l’allégresse emplir mon petit corps.
Alors pourquoi ne suis-je pas mort ? Pourquoi le bruit de ces machines ? Pourquoi m’avoir sauvé alors que je ne voulais plus vivre ?
« Il sera heureux de vous voir... Je ne pourrais m’occuper de lui... Trop de voyage... »
Je n’écoute plus, me rendors où plutôt plane à la frontière du sommeil sans parvenir à m’y glisser complètement. J’ai froid aussi et j’ai toujours mal, la blessure est toujours là creusant un vide profond et sans faille dans mon ventre. J’ai mal, je ne veux plus souffrir. Elle n’est plus là alors, à quoi bon ?
Un cri déchire le silence qui c’était établi autour de moi et je me rends compte que ce cri, je viens de le pousser.
Des mains chaudes se posent sur mes joues, des lèvres se tendent, l’haleine de la femme m’agresse, ses baisers me blessent, sa joie me heurte et lentement mes yeux s’ouvrent.
Un éclat lumineux traverse ma ratine m’obligea à me protéger de mes mains. Des mains froides et blanches comme la mort. Surprit je les délit et les observe sous toute les coutures sans faire attention à la voix féminine qui bourdonne à mes oreilles irritant mon ouïe.
« Doucement madame, ne l’étouffez pas. »
J’ai du mal à respirer en effet, mon cœur bat trop vide et ma poitrine me brûle lorsque l’air passe à l’intérieur.
La femme m’embrasse une dernière fois puis se retire doucement. Enfin, je daigne l’observer. Elle est grande, fine, son visage est rond comme celui de ma petite cousine et ses yeux verts pétillent d’une joie que je ne partage pas. Comment peut-elle être heureuse que je vive ?
Elle me parle mais sa voix ne me plais pas d’ailleurs je ne comprends rien de ce qu’elle me raconte. Une maison en Floride ? Un frère ? Un père et... Elle en guise de mère ?
Non !
Je ne veux plus entendre et referme les yeux avant de lui tourner le dos. Le médecin lui demande de sortir et enfin, le silence revient. Lourd, assourdissant, il sera parfait pour accompagner ma douleur.
Pleurant à moitié, encore estomaqué par mon retour incontrôlé par mit les vivants je tente de lier mes souvenirs un à un. Tout est d’abords flous puis, je parvins à redessiner des visages avant de comprendre le pourquoi du comment. Désespéré, prisonnier d’un malheur trop lourd pour mes frêles épaules je sombre...

1 an plus tôt salon de la villa des Betterly en bord de mer.

- Mathieu ! Mathieu !!
Il n’est jamais bon lorsque ma mère m’appelle par mon prénom en entier et là, je sens que l’orage va tonner.
- MATHIEU !!!
J’ai peur maintenant mais il est trop tard pour attendre alors je fini par me lever et débarouler bruillemment les escaliers qui me menèrent dans notre vaste salon. Ma mère est là plantée à côté d’un superbe vase du 16èmes brisé. Ses yeux, d’un bleu magnifique me foudroient et je comprends que les larmes ne sont pas loin de lui monter aux yeux.
IL y a quelques temps, peut-être deux ans maman à perdu son deuxième mari dans un stupide accident de voiture. Ce vase était un cadeau de sa part, vieux de plusieurs siècles il était le pilier d’une riche et longue histoire familiale. IL y tenait comme à la prunelle de ses yeux et c’est en l’offrant à maman qu’il lui montra tout l’étendu de son amour.
Mais, il venait de se briser, à cause de Loury mon chiot berger allemand que Tom (le mort depuis deux ans) m’avait offert. Je l’ai d’ailleurs aimé que ce jour là car le reste du temps je le haïssait. Toujours à roucouler avec ma maman, toujours à se montrer gentil sans doute dans l’espoir de remplacer mon père défunt que deux ans après ma naissance. Il ne fallait pas rêver non plus !
- Ce n’est qu’un vase maman !
Je me risque, faussement désinvolte je l’affronte de mes yeux étincelant d’un même bleu.
- C’était son vase et ton salopard de chien la brisé !
Elle n’insulte jamais personne d’habitude, elle est d’ailleurs la première à s’offusquer lorsqu’un gros mot franchit les lèvres d’une personne, oui, elle était un peu vieux jeu ma mère.
- Il ne la pas fait exprès et puis...
- Ca suffit ! Tu montes dans ta chambre, privé de repas et que je ne t’avise pas de sortir en cachette !
La sentence est tombée, je me souviens juste avoir insulté Tom et sa main blanche à jaillit, fendant l’air elle m’a frappé sans ménagement pour la première fois de sa vie.
Furieux, les larmes brouillant ma vu je suis monté et j’ai dormi. D’un sommeil lourd mais agité. Le lendemain, un pressentiment affreux m’étreignait le cœur.
Je suis descendu sans hâte et ai rejoint ma mère dans la cuisine. Calme presque souriante elle buvait son café. Magnifique dans sa courte robe pourpre je la couvais du regard fier d’être le fils d’un être aussi parfait.
- J’ai tué Loury.
Ma cuillère est tombée dans mon bol de céréale et sur ma chaise j’ai sursauté. Je me souviens de sa voix si froide, si cruelle. Qui était cette inconnue qui avait remplacée la bonté doucereuse de ma mère ?
Peu importe car je n’étais soudain plus surpris mais, en colère et terriblement triste.
- Comment tu as pu ! Loury n’avait rien fait ! Ce n’était qu’un vase, un con de vase offert par un con de mari, je te.
La gifle claqua douloureusement une fois, deux fois, trois fois... Je n’ai plus conté en tout cas, lorsque je m’éveillais il faisait nuit et une douleur incroyable menaçait de faire exploser ma tête de toute part.
Je n’étais pas vraiment capable de comprendre. Ma mère m’avait frappé jusqu’à l’évanouissement et, je ne comprenais pas. Des milliers de questions auraient voulu assaillir mon esprit mais une seule parvenait à se frayer un chemin : pourquoi ?
J’ai eu peur puis j’ai été en colère et, finalement je suis sorti.
Ma mère n’était nul part à la villa et un mauvais pressentiment pareil à celui ce matin étouffait mon petit cœur.
J’ai couru, des minutes ou des heures quoi qu’il en soit quand je fus là il était trop tard.
La mère folle de rage en ce soir d’orage avait ramené sur le sable son macabre paquetage. Un corps, celui de ma mère, celui de mon cœur, ciment de mon existence, pilier de mes croyances, le vide...

8Juillet chambre blanche de l’hôpital de Floride.

Je pousse un nouveau cri et presque immédiatement des bras m’enveloppe suivit de ces mêmes lèvres mouillées s’écrasant sur mes joues.
Délibérément cette fois j’ouvre les yeux agressant la femme de leur éclat assassin.
- Lachez moi.
Elle me fixe surprise de ma distance et de ma froide politesse. Puis, prit d’un élan d’amour me câline à nouveau. Je ne parviens pas à la repousser mais prononce de nouveau les mêmes mots avec autant de suffisance que possible.
Elle se retire cette fois et m’offre un pitoyable sourire.
- Qui êtes-vous ?
- Ta tante.
- Pourquoi ?
- Désolée pour ta mère.
- Elle est morte.
- Oui mon chéri.
- Ce n’était pas une question.

Je la fixe et elle se fige devant l’expression de mon visage. Je ne sais ce qu’elle y lu mais une chose est sûr, une partie de moi était mort avec ma mère, ma reine et cela se voyait sur mon visage. La mort c’était incrusté dans mes traits d’enfant et c’est sans doute cela qui effrayait tant la sœur de ma mère.
Je ne l’aimais pas.
Elle me semblait fausse. Elle l’était, hypocrite et déloyal. Devrai-je vraiment vivre avec elle ?

- J’ai dormi longtemps.
- Oui.
- Combien ?
- 1an.

Je restais pantois suite à cette déclaration et fixait le plafond sans plus m’inquiéter de la femme qui, quelques secondes plus tard sortit de la chambre. Je l’entendis clairement geindre auprès du médecin avant de me boucher les oreilles. Elle ne m’intéressait pas. J’avais dormi 1an, à cause d’elle, de mon ange déchu, du ciment de ma vie.
Le médecin fit son entrée.

- Comment te sens-tu ?
- Où vais-je vivre ?
- Réponds d’abord à ma question.
- ...
- Mathieu s’il te plais.
- ...
- Oui tu vas vivre chez elle, son fils à 14ans, sa fille 12ans et monsieur Crampt est très respectable.

Je ne l’écoutais plus.

Les jours suivants se passèrent dans le flou le plus complet. Les médecins courraient autour de moi, me posant des questions auxquelles je ne répondais brièvement. Comment me portais-je ? Mal. Avais-je mal ? Oui, là ou personne ne pourra jamais me soigner. Une douleur indélébile qui faisait à présent partie de moi.
Peut-être était-ce la fameuse fatalité, le fameux destin auquel personne n’échappe. Je ne savais pas, mais j’avais peur...

3 mois plus tard je revoyais enfin le jour.
Il faisait beau et je mis un certain temps avant d’accepter de monter dans la voiture. Pourrais-je vraiment me reconstruire ? Parviendrais-je à abolir cette souffrance et me tourner vers l’horizon ? Mes mains fébriles se posèrent sur la portière et je m’engouffrais dans l’opulente BMW. Des parents adoptifs riches madame Crampt ainsi que son mari avait bien réussi dans la vie et la villa qu’ils me présentèrent ne firent qu’augmenter ma méprise envers eux. Je les haïssais déjà. Sans aucune raison apparente. Peut-être parce que leur mode de vie se rapprochait trop de celle de ma mère.
Sans doute.
Je ne comprenais rien à la psychologie à l’époque, je n’avais que 11ans et je ne voulais déjà plus grandir...

Les mois ont défilés sans que je ne leur accorde la moindre importance. Lentement j’avais repris mes habitudes et essayé de me construire une nouvelle vie. Sans grand résultat néanmoins.
Car je ne vivais plus. Ma vie était morte avec elle et chaque nuit, son visage ensanglanté tordu par un désespoir brûlant. Je n’avais pas compris ce que signifiait mourir par amour mais à présent je comprenais.
Mais j’avais aussi compris autre chose. Qu’il ne fallait pas être égoïste, qu’il fallait continuer de grandir, de survivre à défaut de vivre. Et c’est ce que je faisais. Habitué à me lever, manger, travailler puis me coucher je ne voyais plus passer le temps. Mon ‘frère’ et ma ‘sœur’ étaient des idiots fini que je ne supportais pas et c’est seul que je me suis construit.

A 15ans je devenais un vrai petit homme. Déjà grand pour mon âge je possédais une épaisse chevelure sombre qui m’était en avant le bleu merveilleux de mes yeux. Un bleu voilé cependant, car plus j’avançais dans l’âge plus ma froideur s’accentuait si bien que très vite les filles me fuyèrent. Cela n’avait cependant aucune importance. Perdu dans un monde incompréhensible, en flottement entre la mort et la vie je me laissais porté par le courant du désespoir sans lever les yeux de peur d’affronter une réalité trop effrayante.
C’est ainsi que je tombais fou amoureux du ballon rond et, devenais l’un des meilleurs de ma section.
Mais, cela ne me suffisait plus. Ivre de sport je m’attelais à la musique et à la danse, hip-hop surtout et la plupart de mes ‘amis’ devinrent des gamins de cité qui, comme moi flottaient quelque part entre la vie et la mort.
Mon meilleur pote se fut sans doute Cédric, fils d’un français et d’une américaine il fut adopté que très peu de temps après moi.
Je me suis alors dit que le destin ne l’avait pas mis par hasard sur mon chemin.
En effet, car se fut celui qui me fit peu à peu revivre. Comme un éclat de soleil dans mes journées trop sombre il me redonnait un tant sois peu le sourire et tout deux filions la parfaite amitié.
Nous fûmes rejoints quelques mois plus tard par Matwew et Yang. Quatre gamins adoptés, quatre amis liés comme les deux doigts de la main.
Et on a survécu, traversait les âges jusqu’à nos 18ans fêté avec brio.
Se fut cette nuit là que j’eu ma première expérience avec une fille. Aujourd’hui je ne sais plus son nom. Elle a traversé ma vie en un éclair ne laissait derrière elle que le souvenir d’un désir à peine étouffé.
Je suis devenu un véritable coureur de jupon et plus d’une fois j’ai brisé le cœur d’une demoiselle. Mais je m’en foutais. Rien d’autre ne comptais que moi, mon malheur et mes potes.
L'année passa sans que je ne m'en rend compte et, à mes 19ans, je prenais enfin mon indépendance ne supportant plus de me faire entretenir.
Je menais toujours une véritable vie de débauche, faisant la fête chaque week-end et couchant de droite et de gauche avec des nanas qui, après, me causait bien des soucis à moi, le don juan qui ne promettait jamais rien à personne.
Je n'ai jamais eu aucun scrupule et je me moquais bien de la douleur que j'infligais à toute ses filles jusqu'au jour ou je fis sa rencontre.
Il n'y a aucun mot pour expliquer ce que j'ai alors ressenti. Belle comme le jour j'eu toute les peines du monde à contenir les pulsions qui faisait vibrer mon corps m'attirant inexorablement vers elle.
Puis, elle a parlé... Sa voix douce et chantante sonnait si parfaitement à mes oreilles que j'eu l'impression d'être mort. Il fallait forcement être mort pour trouver pareil beauté mais j'étais bien trop mauvais pour avoir accès au Paradis.

Nous avons vécu un amour passionel qui dura deux ans. Deux années parfaites jusqu'au jour ou, sans commentaire et sans explication elle mit fin à notre relation réouvrant la blessure éteinte au creu de mon ventre.
Se fut la révélation. Il me fallait partir, gouter à la liberté, me reconstruire.
J'ai quitté la Floride laissant derrière moi potes et mauvais souvenirs afin de m'établir dans une petite ville pommé dans la campagne Américaine.
Je ne mi suis jamais plu et mon chemin à fini par m'amenner ici.
Plus rien ne compte alors que moi et mon envie de me reconstruire le reste n'est pas important.
Ne l'oubliez pas, je suis un egoïste.